Le passage des enfants en première primaire constitue un moment charnière de leur scolarité. Il est donc important de garder un lien avec la maternelle, de ne pas être la cause d'une rupture brusque. De plus, le principe même de cycle 5/8 implique une continuité.
Au niveau de l'organisation générale de la classe, cela peut se traduire par la présence d'un coin rassemblement, permettant un temps de partage et une transition matinale d'une ambiance familière vers une attitude de travail. Pensé et décoré avec les enfants, il apporte un réel plus à la classe et participe à la mise en place d'un cadre sécurisant et bienveillant, première condition d'un travail efficace.

Les rituels, conduits dans le coin rassemblement ou pas, sont aussi un bon moyen de sécuriser l'enfant : se dire bonjour tous les matins et apprendre chaque semaine une nouvelle manière de le faire (éveil aux langues) ; décider du menu de la journée selon les envies des enfants, les impératifs du programme et les circonstances de la journée ; faire un petit jeu développant des compétences à long terme (tables de multiplication, conjugaison, calculs divers) ; observer la météo ; arroser les plantes de la classe ; ... Il existe une infinité de possibilités et il est très facile de trouver des idées sur internet.

Un autre élément que je trouve intéressant et important à conserver, c'est le côté plus ludique souvent observé en maternelle. Je ne pense pas qu'un passage en primaire doive obligatoirement signifier la fin du jeu, les leçons ex cathedra puis les dossiers d'exercices effrayants. La ludopédagogie est la pierre angulaire de ma méthode de travail et il est possible de créer des jeux sur énormément de sujets. En plus d'un travail par le jeu, des temps libres sont aussi très intéressants. Pendant ces moments, les enfants peuvent jouer à des jeux de société, lire... L'amusement peut aussi venir de la musique.

En lien avec les jeux, abordons la présence de matériel en classe. Trop souvent, le passage à la première primaire va de paire avec un (presque) abandon de la manipulation, du stade concret des apprentissages. Les enfants ne sont pas magiquement capables d'abstraire les concepts abordés parce qu'ils ont six ans, il est très important de toujours proposer le plus de matériel possible, en lien avec les activités vécues, pour que les apprentissages se construisent au mieux et soient durables.
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Enfin, nerf de guerre de nos années de formation : l'autonomie. J'ai trouvé scandaleux d'observer une telle régression entre la maternelle et la première primaire, probablement à cause d'un manque de considération des institutrices primaire pour le travail de leurs homologues en maternelle. On dirait que les enfants laissent une partie de leur cerveau dans la classe inférieure et ne sont plus capables de rien, ils doivent demander pour se lever, boire, se moucher, n'ont plus le droit de choisir entre différents ateliers... Il est essentiel de garder en tête l'immense autonomie construite par les enfants en trois ans, ils sont capables de beaucoup de choses et c'est en continuant à développer ces compétences que nous les ferons avancer au mieux. Le plan de travail, les centres d'autonomie, les projets, les ceintures de compétences ou tout simplement la liberté de déplacement... tant d'outils à notre disposition.
